Tous égaux face aux catastrophes naturelles. Vraiment ?
Alors que le Chili fait actuellement face aux pires incendies de son histoire, nous pouvons nous demander quels sont les endroits les plus touchés par les catastrophes naturelles. De fait, si individuellement nous paraissons tous égaux face à ces aléas climatiques ou géologiques, il apparaît que certaines régions du monde sont bien plus vulnérables que d’autres, de par leur situation géographique et leur niveau de développement.
Certaines régions sont plus touchées que d’autres par des catastrophes naturelles.
Une catastrophe naturelle est un événement brutal, d’origine naturelle, lié à un phénomène météorologique ou géologique générant un grand nombre de victimes et/ou de dégâts matériels. Cet événement peut être accentué par l’activité humaine, que ce soit par la densité de sa population, l’influence de son activité sur l’environnement ou l’insuffisance des mesures de prévention desdites catastrophes. L’une des premières choses à observer pour comprendre ces phénomènes, c’est que certaines catastrophes affectent certaines régions plus que d’autres. Pour ce qui est des séismes et des tsunamis, on peut noter que la fréquence de ces événements est plus élevée sur la côte Pacifique de l’Amérique ainsi qu’en Asie du Sud-Est. L’exemple le plus connu est probablement le raz-de-marée qui a dévasté plusieurs pays bordant l’Océan Indien en décembre 2004 et tué plus de 220 000 personnes. Concernant les cyclones, ceux-ci se produisent davantage en Asie du Sud-Est et dans les Caraïbes. Toutefois, ces types de catastrophes ne sont pas circonscrits à des régions spécifiques : le séisme de 2010 en Haïti (250 000 morts) et celui plus récent en Italie ont eu lieu dans des régions à l’activité sismique relativement faible, ce qui peut expliquer pour partie les dégâts causés en raison de l’impréparation des autorités. Il apparaît également que certains pays sont touchés par des types de catastrophes très variés. Depuis que l’auteur de ces lignes est arrivé pour la première fois au Chili en 2013, ce pays a par exemple connu trois séismes d’envergure, un tsunami, des inondations, des incendies forestiers et des éruptions volcaniques. Ce qui ressort de ces éléments, c’est que certaines régions du monde sont davantage exposées aux aléas naturels, en particulier l’Asie du Sud-Est, tandis que d’autres comme la Scandinavie ou les pays du Golfe Persique sont relativement épargnées.
En s’intéressant aux dégâts (coût en vies humaines et en coût en infrastructures) causés par les catastrophes naturelles, il est possible d’effectuer une corrélation entre l’intensité des catastrophes et l’activité humaine. En effet, la majorité des catastrophes naturelles ayant causé le plus de victimes a eu lieu en Asie. Pourquoi ? Tout d’abord, il s’agit d’une région particulièrement instable au niveau sismique et les conditions climatiques y sont propices aux événements météorologiques extrêmes de type mousson, typhon ou sécheresse. De plus, il s’agit de la région la plus densément peuplée de la planète, dans la mesure où y réside environ 60% de la population mondiale. Le fait d’avoir plus d’habitants et plus d’infrastructures avec de grandes mégalopoles réparties dans un espace géographique restreint augmente les risques de dommages liés aux aléas naturels. Le type de construction et leur localisation peut aussi renforcer l’impact d’un événement climatique. Pour parler de la France, le fait d’avoir construit des lotissements dans des zones inondables en plaine et non pas sur les hauteurs a été explicitement pointé du doigt lors du procès après la tempête Xynthia. Sachant que ce sont les inondations qui tuent le plus de personnes sur la planète, il apparaît comme une évidence que la gestion de l’urbanisation est un facteur déterminant dans la prévention des risques. La catastrophe de Fukushima a également démontré que l’activité humaine pouvait accroître la portée d’une catastrophe naturelle.
Au-delà d’une corrélation avec le niveau de population, c’est une corrélation avec le niveau de développement des pays qui surgit de l’étude de l’impact des catastrophes naturelles.
Dans quelle mesure les catastrophes peuvent agir comme un révélateur du niveau de développement d’un pays ? La majorité des personnes décédées lors de catastrophes naturelles proviennent en effet de pays avec un IDH faible. Cette corrélation est frappante lorsque l’on compare le Japon, l’un des pays les plus développés de la planète, avec ses voisins. En effet, en Asie une majorité de la population est extrêmement pauvre et vit dans certaines des zones les plus sensibles, comme en Inde, en Birmanie, au Pakistan ou aux Philippines. Le Japon – qui se trouve également sur une zone sensible – a pu investir dans des infrastructures résistantes aux catastrophes naturelles (comme par exemple des bâtiments aux normes antisismiques élevées) grâce à son développement économique et technologique. Ainsi, un événement de même intensité comme un cyclone fera plus de victimes en Birmanie qu’au Japon. De plus, le meilleur développement d’un pays induit un réseau de transport efficient et des systèmes de santé et de secours plus prompts à intervenir en cas de catastrophe, ce qui en réduit l’impact. Le coût matériel d’une catastrophe de type séisme ou cyclone pouvant monter à plusieurs milliards de dollars, cela ne fait également que réduire un peu plus la capacité de résistance des pays les moins développés, les rendant plus vulnérables face aux prochains événements …